Lors de la rédaction de la plaquette sur le fort du Chapus, j’étais tombé sur un document, datant du début des années 1800, dans lequel il était fait mention de deux batteries barrant l’entrée du pertuis, sans plus de précision. J’avais alors pensé qu’il devait s’agir de l’un de ces nombreux projets qu’échafauda l’Empereur pour interdire les accès à la rade des Trousses et qui restèrent sans suite…
Mais, cette semaine, je suis tombé au SHD de Rochefort sur de nouveaux éléments attestant de l’existence de ces deux positions, dont un très intéressant rapport rédigé le 26 février 1814 suite au passage sur place d’une commission spéciale chargée d’en évaluer la situation (cote série 1K22, travaux hydrauliques).
La batterie de Maumusson (
« Mont Musson » dans le rapport, ce qui ne facilite pas les recherches
…) est la plus ancienne des deux. En 1759 s’y trouvaient déjà deux pièces de 12. Quarante ans plus tard, son armement était constitué de 4 canons de 24 mais, en 1803, deux de ces pièces lui seront retirées…
En 1814, la commission trouve l’ensemble des infrastructures en très mauvais état, au point qu’elle note dans son rapport : « il est possible que la première marée d’équinoxe détruise complètement la batterie ».
En fait, la batterie a été édifiée sur la pointe même et, du coup, elle est régulièrement attaquée par de fortes lames venant du sud-ouest. Les vents, souvent violents, enlèvent tout le sable qui pourrait former des dunes et le reportent vers l’intérieur de l’île… Les dégradations de la position sont encore accentuées par les grandes flaques d’eau qui se créent sur ses arrières au moment des grandes marées. Petit à petit, la pointe se transforme en un simple banc de sable au milieu duquel la batterie se trouvera bientôt isolée… Les dunes étant, comme expliqué plus haut, sans arrêt repoussées vers l’intérieur des terres, il est impossible d’y déplacer la batterie. De toute façon, ce report vers l’arrière des pièces d’artillerie ne permettrait plus une défense efficace du pertuis. Deux solutions sont donc proposées par la commission :
- soit la conservation de la position actuelle par un « encaissement en charpente », dont le coût était évalué à 30 000 francs d’alors ;
- soit la construction d’une nouvelle batterie dans le voisinage de Gatseau…
En attendant, la batterie étant sur le point de devoir être abandonnée, la commission préconise de maintenir dans ce secteur une batterie légère armée de 2 pièces de 8 et de deux obusiers, tout en précisant que semblable batterie serait totalement insuffisante pour la défense de ce point.
Il semble que la proposition de « l’encaissement en bois » sera finalement retenue et appliquée, et la batterie ne sera définitivement abandonnée qu’en 1840.
La batterie de la pointe d’Arvert et plus récente. Elle est armée de 3 pièces de 36, de 3 de 24 et de 2 mortiers de 32 cm. La commission la trouve en bon état et tout à fait à même de remplir sa mission. Elle n’y propose donc aucune amélioration.
En 1841, la batterie sera définitivement désarmée mais les infrastructures seront conservées afin de pouvoir éventuellement servir de point d’appui à la défense mobile en cas de besoin. Ce n’est qu’en 1848 qu’elle sera définitivement abandonnée.
Photo prise depuis la dune de Vasselot, non loin de la pointe d'Arvert. On apperçoit, de l'autre côté du pertuis, les environs de la pointe de Maumusson.
L'éspèce d'épave en béton n'a rien à voir avec la batterie dont il est question ci-dessus