Le site des Chapieux est situé à 1 552 m d’altitude, au débouché du vallon des Glaciers. Il est le point de jonction des voies alpestres muletières du col de la Seigne, qui le relie à Courmayer (Italie), de celle du col du Bonhomme qui le met en liaison avec Chamonix et St-Gervais, et de celle du Cormet de Roselend qui le met en relation avec Beaufort, Albertville… Une route carrossable de 14 kilomètres le relie directement à Bourg-Saint-Maurice, ville située à 10 km environ en direction du sud. Bien que considéré comme un point de passage secondaire, le col de la Seigne offre donc plusieurs possibilités de progression en cas d’offensive italienne et, à ce titre, il va faire l’objet d’une surveillance particulière. Afin d’assurer la surveillance du « trafic » transfrontalier transitant par le col de la Seigne, un poste de gendarmerie sera implanté au hameau des Mottets. Après la guerre de 1870/1871, à chaque belle saison, nos unités vont entreprendre des reconnaissances dans les têtes des hautes vallées. À partir de 1878, ces reconnaissances vont se transformer en véritables manœuvres auxquelles prendront part des bataillons entiers... Le 13 décembre 1889, une ordonnance du ministre de la Guerre instituait la création de cantonnements d’altitude permettant de maintenir toute l’année des troupes à proximité immédiate de la frontière.
Dans le cadre de ce programme, c’est un véritable camp que l’on va établir aux Chapieux. En plus des baraquements destinés au logement de la troupe et de ceux réservés aux cadres, on y bâtira un PC, une cuisine, un mess, on le dotera de citernes, de lavabos, de latrines, d’écuries et de plusieurs magasins… L’ensemble de ces constructions devait permettre le logement de la totalité des effectifs constituant la défense mobile du secteur.
Les 2 premières années, les postes d’altitude seront évacués à l’issue des manœuvres d’automne et ce n’est finalement qu’en 1892 que, pour la première fois, des chasseurs « hiverneront » aux Chapieux. Suivant les ordres du général baron Berge, gouverneur militaire de Lyon et commandant du 14e corps d’armée, un détachement de chasseurs du 11e bataillon y cotonnera jusqu’au printemps.
Si l’emplacement choisi pour l’édification du camp des Chapieux était particulièrement judicieux en ce sens qu’il était situé en bordure même d’une route carrossable le reliant à Bourg-Saint-Maurice, il présentait cependant l’inconvénient d’être distant de plus de 8 km à vol d’oiseau du col de la Seigne sur lequel, du reste, il n’avait aucune vue… Aussi décida-t-on de doter le camp d’un poste avancé, établi au niveau de
« l’étranglement » de Séloge.
Le poste de Séloge fut dimensionné afin de permettre d’y loger jusqu’à deux compagnies de chasseurs. Ainsi, durant la belle saison, c’est tout un groupe alpin, soit un bataillon de chasseurs, une batterie d’artillerie de montagne et un détachement du génie, qui cantonnait dans le vallon et à son débouché. Mais l’hiver venu, le dispositif était allégé et on ne maintenait qu’une compagnie aux Chapieux, ses sections se relayant pour l’occupation du poste avancé.
Le 1er août 1914, l’ordre de mobilisation générale arrive aux Chapieux, occupé par le 2e groupe alpin. Celui-ci est composé du 22 BCA et de la 4e batterie du 1er régiment d’artillerie. Mais, contre toute attente, l’Italie se déclare neutre le lendemain ! Le 9 août, le 62e BCA prendra la relève. Avec l’arrivée de l’hiver, le dispositif sera levé et la surveillance du camp et de son poste avancé sera confiée à des gardiens civils et à la gendarmerie. Finalement, en mai 1915, l’Italie entrera en guerre aux côtés de la France...