Steph Admin
Date d'inscription : 19/07/2010 Age : 51 Localisation : Vendée (85)
| Sujet: A propos du suicide dans l'armée et la marine... Sam 06 Avr 2013, 23:16 | |
| Bonsoir, En parcourant certains journaux datant de la fin du 19e siècle et du début du 20e, j’ai relevé un nombre assez impressionnant de suicides de cadres de l’armée ou de la marine (généralement à la suite d’une punition ou d’une déception amoureuse…). En faisant un peu de rangement dans mes archives, je suis tombé sur une dépêche ministérielle adressée le 10 juin 1895 par l’amiral Besnard au préfet du 4e arrondissement maritime et relative aux « honneurs à rendre ou non » à ces militaires s’étant volontairement donnés la mort.
« Monsieur le Vice-Amiral, En vue d’éviter les divergences d’interprétation qui pourraient se produire sur la question de savoir si les honneurs militaires doivent être rendus ou non à la dépouille mortelle d’un officier ou d’un fonctionnaire assimilé qui s’est donné volontairement la mort, j’ai l’honneur de porter à votre connaissance la circulaire confidentielle ci-jointe de la Guerre du 10 Mai 1844, reproduite le 14 Janvier 1873. Cette circulaire semble répondre aux préoccupations qui peuvent, le cas échéant, donner lieu à quelque hésitation ; vous vous inspirerez des idées exprimées dans la circulaire du Maréchal Soultz, et vous prendrez telles décisions que sembleront comporter les circonstances ; vous voudrez bien me rendre compte des ordres que vous aurez donnés ».
Voici maintenant le contenu de cette circulaire confidentielle :
« Depuis quelques mois le penchant au suicide à fait d’affligeants progrès dans les rangs de l’armée. Des soldats, des sous-officiers, des officiers même y ont succombé ; l’éclat et la publicité donnés à des évènements de cette nature ont dû en provoquer de nouveaux. Un tel état de choses appelle toute votre sollicitude. Contre ce mal moral, les répressions disciplinaires sont impuissantes ; il n’y a de remède que dans l’influence de l’opinion et il est du devoir d’un chef militaire de travailler à la diriger. Pour ajouter aux moyens que vous avez personnellement d’agir sur elle, je vous autorise à ordonner suivant les circonstances, à l’égard des suicidés, la suppression totale ou partielle des honneurs funèbres militaires. Toutefois, vous ne devrez pas faire usage de cette autorisation sans réflexions sérieuses car je ne puis vous tracer de règles absolues. En effet, il ne paraît pas raisonnable d’unir dans les mêmes honneurs, avec le brave qui tombe devant l’ennemi ou qui finit douloureusement à l’hôpital, le faible cœur qui cède à des chagrins imaginaires ou à des douleurs psychologiques, à plus forte raison le coupable qui se soustrait par la mort au déshonneur, suite à ses fautes. Mais d’un autre côté, il serait injuste de confondre tous les suicidés dans une même réprobation, car la plupart « d’entr’eux » [sic] succombent à un dérangement intellectuel ; il en est de même qui meurent entourés, malgré leurs fautes, d’estime et de regrets ! Je recommande à votre attention un point très important. Dans cette question délicate, vous devrez prendre soin vis-à-vis du clergé de paraître indépendant et calme. Que votre décision dans chaque circonstance soit bien la conséquence d’une appréciation libre du fait en lui-même ; défendez vous soigneusement de tout ce qui pourrait ressembler à une contradiction affectée ou à une condescendance dont on pourrait faire abus ; évitez également ce qui serait de nature à blesser le sentiment des populations, ou à indisposer l’esprit militaire. Il est nécessaire de vous maintenir dans ces limites pour opérer tout le bien que j’attends de votre intervention. Si vous avez quelquefois des motifs d’indulgence, vous n’oublierez pas que celui qui a recouru à la mort pour éviter la honte ne saurait recevoir d’honneurs ; ses amis, s’il lui en reste, ne pourront suivre sa dépouille ni en troupe ni en armes ».
Je vais tacher de retrouver quelques articles de presse pour illustrer ce fil. Bonne soirée Steph | |
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