Novembre 2011

Les combats au fort de Vaux le 4 juin 1916, racontés par Quiqui, euh…. par le commandant Raynal, commandant du fort…

Quiqui assiste à la bataille ; il y est habitué maintenant. C’est presque un grognard. Tout l’intéresse et rien ne l’inquiète. Il est naturellement brave, comme sa mère morte au champ d’honneur. Il aime le bruit et ignore le danger.
Il se précipite dans la gaine de droite où éclatent des grenades ; le combat qui s’y livre dans l’obscurité et la fumée, ce combat où il ne voit plus ses amis, où il n’entend que des explosions, des cris de fureur et des plaintes, ne le retient qu’un instant. Vite, il court à la gaine de gauche où crépitent les mitrailleuses dans la casemate de Bourges. Ici, l’air et la lumière entrent par de larges créneaux… la mort aussi, hélas ! Le calme des mitrailleurs, leur attitude grave, leurs gestes rapides l’impressionnent ; il regarde tout, il voit tout et se donne l’air d’y prendre part… Mais personne ne s’occupe de lui, personne n’a le temps de le caresser… Un peu déçu, tout triste, il s’en retourne doucement à la casemate où il retrouve son ami le sapeur et il semble lui dire :
- Il ne fait pas bon ici !
Tout à coup, du nouveau, une sauvagerie allemande que Quiqui ne connaît pas encore, dont il va pour la première fois éprouver les effets :
Après le fracas des explosions, une fumée noire, d’une âcreté mortelle, emplit le fort.
- A vos masques ! A vos masques !
Le cri éclate, court partout et, en quelques secondes, tous les hommes ont arboré le masque qui les met à l’abri de l’asphyxie.
Et Quiqui ? Quiqui que rien ne protège, on n’a pas songé à faire des masques pour les chiens !...
Son père nourricier est là qui ne perd pas la tête pour si peu : le brave sapeur lui colle une cagoule sur le museau et l’y maintient tout le temps qu’il faut pour chasser la pestilence…
L’air redevient respirable, les hommes peuvent enlever leurs masques, et Quiqui est débarrassé de sa cagoule, mais il a un air abattu qui fait peine à voir…
Je lui parle :
- C’est pas des choses à faire, hein ! mon pauvre Quiqui !
Il est tout à fait de mon avis et le fait entendre en éternuant énergiquement.

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Ah ! Neuf-Brisach ! Le fort Mortier ! J'y ai été retenu prisonnier et j'y ai subi un interrogatoire musclé. Je me suis évadé de nuit (un rappel avec une corde fournie par un ennemi soudoyé) au bout de seulement 24 heures. Des agents nous attendaient sur les bords du Rhin. Ils nous ont fourni des Zodiaques, des armes et des explosifs et nous sommes allés saboter des lignes électriques en Allemagne. Il n'y avait pas de crise, on était sveltes et souples, rapides comme le lévrier, résistants comme le cuir et durs comme l'acier Quelle belle époque !

RO 204B