Du fait de la limite à 60 pages lors de l’édition de la plaquette sur le fort, j’ai été obligé de faire certaines impasses... Ainsi, il n’y figure que peu de choses sur la Première Guerre Mondiale… Je profite donc du forum pour vous « livrer » cette partie manquante.
En 1914, la constituante « artillerie » de la défense de l’île de Ré est composée de la 14ème batterie du 1er régiment d’artillerie coloniale, en garnison à Saint-Martin. Le premier août, à 16h35, l’ordre de mobilisation générale arrive. Mais depuis quelque temps déjà, le fort de la Prée était occupé en permanence par un petit détachement, composé d’un brigadier et de 8 canonniers, sous les ordres d’un maréchal des logis (MDL Ristoruci ?). Conformément aux plans de mobilisation, la 14ème doit se dédoubler et donner naissance à la 24ème batterie, qui restera dans l’île jusqu’au 16 mars 1915…
Du 4 au 6 août, au fur et à mesure de l’incorporation des réservistes, la 14ème batterie se redéploie sur Sablanceaux et la Prée, la 24ème restant à Saint-Martin. C’est le lieutenant de réserve Bondon qui se voit confier le commandement du fort Laprée et de sa batterie annexe de 95 mm. Il dispose, pour assurer la défense du site et servir les canons, de 6 maréchaux des logis, 6 brigadiers et 99 canonniers. La 14ème batterie est alors principalement constituée de réservistes. Ainsi, au 22 août, sur 278 canonniers qui en composent l’effectif, 243 sont issus de la réserve. Le 23 août, Bondon est muté. Devant rejoindre la place de Maubeuge, il se met en route pour sa nouvelle affectation le jour même… Le 26 août arrive au fort l’adjudant de réserve Réaud, qui en prend le commandement. Le 14 octobre, le lieutenant-colonel Fritsch passe l’inspection de la batterie.
Le premier décembre, probablement pour redonner un peu de consistance aux défenses de l’Arsenal de Rochefort (de nombreuses unités de la région ont été prélevées pour aller renforcer le front…), la 14ème batterie quitte l’île de Ré pour être redéployée à Boyardville. Un détachement de la 24ème batterie prend le fort de La Prée en compte… Le 21 décembre, la défense côtière est mise en alerte sur ordre du préfet maritime ! On a capté des messages TSF attribués à des navires allemands… Aucun bâtiment ne se présentera devant nos côtes, mais la préfecture maritime décidera d’un nouveau redéploiement des troupes à sa disposition.
Le 13 janvier, la 14ème batterie retrouve ses positions de l’île de Ré… Le 14 janvier 1915, à 7 heures du matin, la 3ème section quitte Saint-Martin pour réoccuper Sablanceaux et la Prée, qui repasse sous le commandement de l’adjudant Réaud. Cependant, la batterie annexe de 95 mm lui a été retirée et l’artillerie du fort se limitera donc aux deux canons de 24 cm. Le 12 février, la 1ère section relève la 3ème, mais Réaud est maintenu à son poste de commandant du fort. Le 16 février, un ordre enjoignant de constituer un détachement de 125 hommes, qui seront transférés au 5ème régiment d’infanterie coloniale, arrive à la 14ème batterie. Au fort, plusieurs hommes sont désignés pour ce transfert ; ils seront relevés le lendemain. Le 9 mars, 3 sous-officiers et 27 hommes assurent la relève du détachement de La Prée. D’un point de vue stratégique, le blocus des côtes allemandes mené par les marines franco-britanniques porte ses fruits et l’occupation d’un certain nombre de nos positions de défense n’a plus lieu d’être…
Le 16 mars, la 24ème batterie quitte Saint-Martin pour être redéployée sur le continent. Le 23, un nouveau détachement d’une trentaine de canonniers de la 14ème batterie quitte l’île pour rejoindre une unité d’infanterie. Le 26 mars, un détachement de 145 canonniers territoriaux arrive à la batterie pour compenser les prélèvements. Il est constitué de réformés des classes de 1893 à 1899. 100 d’entre eux n’ont jamais servi et n’ont aucune espèce d’instruction militaire. Les 45 autres ne valent guère mieux… Le 10 mai, l’adjudant Boulard est affecté à la batterie. Il va immédiatement prendre le commandement du fort, où il relève Réaud, qui rejoindra Saint-Martin le lendemain. Le 19 juin, un télégramme arrive. La batterie est désignée pour rejoindre Épinal. Le 22 juin au matin, le détachement occupant La Prée quitte le fort de très bonne heure, après en avoir confié la garde à une poignée de territoriaux de l’infanterie. Il arrivera à Saint-Martin vers 7H30, d’où l’ensemble de la 14ème batterie s’embarquera pour rejoindre le continent. A l’heure du départ, sur 279 canonniers en constituant l’effectif, 21 sont issus de l’active, 114 sont des réservistes et 144 des territoriaux. Quelques semaines plus tard, les munitions seront évacuées, les deux gros canons démontés et le fort abandonné.